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Bernard Dadié, un véritable doyen de la littérature africaine

En tant qu’écrivain, et un écrivain qui ne veut pas être nombriliste, l’écrivain Bernard Dadié est au sommet de la liste des écrivains que j’admire. 

Un écrivain selon moi doit écrire pour son peuple dans le langage de ce peuple.  Je suis toujours écœurée quand je lis des écrivains Ivoiriens qui sentent le besoin d’expliquer ce qu’un gbaka est.  Pour qui écrivent-ils finalement ?  Et même s’ils disent que c’est une audience internationale qui lirait le livre, j’ai toujours affirmé qu’un écrivain qui maitrise son art n’a pas besoin d’expliquer quoi que ce soit.  Le doyen Bernard Dadié n’a pas passer son temps a nous expliquer ce que c’est un thôgô gnini non ?

Un écrivain doit aussi être un clairvoyant ; voir ce qui se trame à l’horizon.  Quand je lis « Sèche tes pleurs Afrique » écrit en 1967, j’ai la chair de poule.  Le doyen Dadié a prédit ce phénomène de la diaspora qui retourne.

Sèche tes pleurs Afrique!
Tes enfants te reviennent
dans l’orage et la tempête des voyages infructueux.

N’est-ce-pas de ces « voyages infructueux » que la diaspora revient ?  Les diplômes ont été obtenus et les enfants de l’Afrique sont restés travailler là-bas parce que les conditions de travail y étaient.  Les hôpitaux étaient bien équipés, la corruption endémique n’existait pas mais ils ont aussi vite su que la possibilité de vraiment évoluer et de faire la différence n’y était pas.  Et donc ils reviennent.

Nos sens se sont ouverts
à la splendeur de ta beauté
à la senteur de tes forêts,
à l’enchantement de tes eaux
à la limpidité de ton ciel
à la caresse de ton soleil
Et au charme de ta verdure emperlée de rosée.

Joyeux anniversaire donc au doyen Bernard Binlin Dadié.  Je m’incline devant votre grandeur artistique.

Une contribution de Edwige Renée DRO, Écrivain, lauréate Africa39, traductrice, membre du jury PEN International Nouvelles Voix.